Bachar Mar-Khalifé, le génie de l’instinct et du cœur

Bachar Mar-Khalifé est un artiste, concertiste et musicien primé, chanteur et compositeur tissé d’innombrables fibres. Né au Liban dans une famille traversée par la musique, formé au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris en piano et en percussions, son travail s’enrichit sans cesse d’une quête profonde : affiner ses sensibilités musicale et humaine afin d’être véritablement capable d’exprimer ce qu’il est et ce qui lui tient à cœur. Bachar Mar-Khalifé jongle avec une époustouflante maîtrise entre les instruments, les langages, les collaborations, les genres et les mouvements sans chercher à démontrer quoi que ce soit, si ce n’est un instinct sûr, unique, émouvant, de la composition musicale.

 Comment est-il arrivé dans le milieu de la composition de musique de films ? Par de « heureux hasards », il y a une dizaine d’années. Ce sont des réalisatrices et réalisateurs qui ont commencé à le contacter, sensibles à sa musique. Et lorsque la démarche parle à son cœur, pour Bachar Mar-Khalifé, « 90 % du travail est fait ». D’ailleurs, composer pour le cinéma ne constitue pas chez lui une barrière de genre. Toutes les musiques créées dans ce contexte s’écoutent sur des albums et s’échappent de l’écran pour vivre ailleurs, accompagner d’autres histoires. Il improvise beaucoup lors de ce travail de composition, fait participer des amis artistes, se lance sans idées préconçues, car il existe « une certaine vérité qui se détache de l’image. » « Lorsque je compose pour un film, je suis au service d’un projet, je sors de ma tête, contrairement au travail sur mes albums. Cette disposition plus légère me permet de jouer avec tous les instruments et les styles que je veux, comme autant d’outils. Ce travail m’offre de la liberté. ».

Cinéphile ? « D’un genre particulier. Je suis sensible au cinéma mais dans un rapport obsessionnel, extrêmement exigeant. Si j’aime, je peux regarder cent fois. Sinon j’ai peur, une vraie peur, de perdre mon temps. Je ne suis pas animé par la curiosité, mais par ma sensibilité. » Sa première interaction avec la musique à l’image se fait en live, via des ciné-concerts (Faust, Gribiche) organisés par la Cinémathèque. Aujourd’hui, Bachar Mar-Khalifé a mis entre parenthèse les concerts, autrefois dimension omniprésente de sa vie. Un choix assumé qui lui laisse plus de temps pour travailler les films et explorer de nouveaux projets musicaux. « Je n’en éprouve aucune frustration, je suis rempli de l’énergie accumulée en live pour des années. Et je découvre un nouveau rapport au public avec la musique de film, auprès des amoureux du cinéma, lors de festivals ou de projections. Le cinéma est une formidable rencontre d’arts. »